Le monde brûle ; et la littérature — du moins la façon dont les occidentaux l’ont majoritairement pratiquée et conçue durant l’époque moderne — se retrouve, parmi bien d’autres, sur le banc des accusés : ne nous aurait-t-elle pas encouragés à nous détourner du milieu dans lequel nous sommes plongés au profit de la seule réalité du texte ? N’a-t-elle pas, en outre, négligé si longtemps les autres qu’humains qu’il n’est pas si étonnant que nous ayons pu nous croire seuls au monde ? Est-elle bien équipée ne serait-ce que pour représenter la crise environnementale actuelle ? Et de toute manière (soyons honnête), que peut un récit, un mot, face à la fonte des glaces, la disparition des espèces et le réchauffement climatique ?
Dans les rangs de la défense, on plaide au contraire sa cause : qui, mieux qu’elle, pour éveiller nos consciences et raviver nos sensibilités endommagées à l’égard du monde qui nous entoure ? Pour incarner et donner du sens aux froides données scientifiques ? Pour nous donner accès à d’autres cultures de la nature, pour imaginer des présents aussi bien que des futurs alternatifs, moins toxiques et plus soutenables ?
Sous couvert de rejouer ici le « procès » de la littérature à l’heure de la crise écologique globale, la conférence voudrait surtout inviter les étudiant.e.s à réfléchir aux pouvoirs de la création linguistique, de même qu’aux réformes possibles de la façon dont on crée, lit et critique aujourd’hui la « littérature ».
Organisé par Séverine Abiker et Cyrielle Dodet - Groupe Textes, Contextes, Frontière