A l’échelle du monde. La carte : objet culturel, social et politique, du Moyen Âge à nos jours.
Colloque international - Albi / INU Champollion et médiathèque Pierre Amalric - 17 et 18 octobre 2016
Regard croisé d’historiens et de géographes sur la conception des cartes géographiques à travers les siècles
Organisé par l’Institut National Universitaire Jean-François Champollion d’Albi et le Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris (LAMOP-UMR 8589 - Université Paris Sorbonne).
Avec le soutien scientifique du Comité français de Cartographie (CFC) et de l’International Society for the History of the Map (ISHMAP). En collaboration avec la Médiathèque Pierre Amalric
La Mappa Mundi d’Albi, l’une des plus anciennes représentations du monde parvenue jusqu’à nous, a été récemment inscrite au registre de la mémoire du monde de l’UNESCO, reconnaissant ainsi son caractère exceptionnel. Cette carte du monde provient d’un recueil de textes, miscellanea, où elle est suivie d’un Index des vents et des mers, le tout datant du VIIIe siècle. Elle a fait partie des manuscrits qui ont constitué la bibliothèque du chapitre de la cathédrale d’Albi, et est actuellement conservée dans les fonds de la médiathèque Pierre Amalric.
À la différence du discours, la carte est rarement objet de critiques et de mise à distance. Elle est souvent considérée comme un outil, peut-être en raison de l’aspect technique (dessin, projection, repères…), auquel on attribue des vertus de transparence et d’objectivité. Pourtant, la carte, qui est une interprétation de la réalité, est avant tout un objet culturel, vecteur de représentations des sociétés sur le monde, ce qui en fait un outil géopolitique particulièrement efficace. Ainsi, une carte sert de nos jours aussi bien à se localiser qu’à comprendre des situations territoriales complexes ; elle peut expliquer des rapports de forces et des rivalités de pouvoirs, et contribuer à revendiquer des territoires. Elle laisse parfois une large place à l’imaginaire.
Représenter le monde en carte pose, depuis l’Antiquité, un certain nombre de problèmes techniques, politiques, religieux ou sociaux. La carte n’est pas une photographie du monde mais son interprétation. Comment représenter le monde avec un minimum de déformations ? Et d’ailleurs, est-ce l’objectif des maîtres de cet ouvrage ? Quelle projection choisir ? A quelle échelle cartographique ? Avec quelle orientation ? Quels toponymes choisir ? Quelles sont les motivations de la production, les sous-tendus politiques, religieux, économiques ? Comment figer une réalité complexe qui est en constante évolution ? La carte représente -t- elle uniquement l’espace ? Ne peut-on pas y voir également le temps ? Comment hiérarchiser les informations à cartographier ? A qui s’adresse la carte ?
Ces questions sur la nature et les usages des cartes se posent également pour les siècles passés, quand les principes de composition et la diffusion des cartes étaient différents de ceux d’aujourd’hui. La Mappa Mundi d’Albi intrigue par sa forme inhabituelle et le mystère qui entoure sa réalisation. Quel était alors l’intérêt de représenter le monde dans son ensemble ? Quelles connaissances étaient mobilisées et selon quels choix ? Que nous apprend un tel objet sur les conceptions du monde au VIIIe siècle en Europe ?
Ce colloque propose ainsi une réflexion plus générale sur la carte à l'échelle monde comme objet culturel, social et politique, à travers les âges, en apportant le regard croisé d'historiens et de géographes sur la conception des cartes géographiques à travers les siècles et la spécificité de « l'échelle monde », hier comme aujourd'hui. Il permettra de confronter le point de vue des historiens et celui des géographes sur les usages culturels, politiques et sociaux des cartes du monde jusqu'à nos jours. La première journée sera consacrée aux usages et à la signification des représentations du monde (mappemondes, planisphères, globes, atlas) dans l'Antiquité et au Moyen Âge. La deuxième journée portera sur la cartographie moderne et contemporaine et la pertinence de l'échelle monde à l'âge de la globalisation.
En parallèle du colloque
En partenariat avec la médiathèque Pierre Amalric
- Exposition Cartes sur table - des siècles de représentations du monde
La médiathèque Pierre-Amalric sort des réserves ses plus belles cartes anciennes, dont la Mappa mundi, inscrite en 2015 au registe "Mémoire du monde" de l'UNESCO. Du 10 octobre au 31 décembre, aux heures d'ouverture de la médiathèque. Accès libre. La Mappa mundi sera exposée du 10 octobre au 5 novembre (pour des raisons de conservation, elle ne peut être exposée plus longtemps). - Conférence grand public "Petite histoire des représentations du monde", par Christian Grataloup
le 17 octobre à 19h, médiathèque. Entrée libre.
Lundi 17 octobre : La cartographie à l'échelle du monde, de l'Antiquité au Moyen Âge
Lieu : INU Champollion
9h00 : Mot d'accueil de la directrice, Brigitte Pradin.
Accueil et introduction : Sandrine Victor, Thibault Courcelle, Emmanuelle Vagnon
Matinée : Des modèles antiques aux interprétations médiévales
Présidence : Patrick Gautier Dalché
- 9h30 - Matthieu Soler : L'Antiquité en palimpseste ou comment affirmer de nouvelles identités et marginalités à travers une représentation traditionnelle du monde.
- 10h00 - Anca Dan : La mappemonde d'Albi - un pinax chorographikos ?
- 10h30 - Pause café
- 10h45 - Claude Brezinski : La Table de Peutinger
- 11h15 - Alfred Hiatt : The Cotton mappa mundi as analogue to the Albi world map
- 11h45 - 12h15 : Discussion et pause
Après-midi : Formes et usages de la carte du monde au Moyen Âge
Présidence : Jean-Louis Biget
- 14h00 - Jean-Charles Ducène : Quand le cartographe parle de sa carte : ce que disent les géographes arabes des cartes qu'ils ont dessinées
- 14h30 - Nathalie Bouloux : La carte comme substitut au voyage de Cassiodore à Érasme. Histoire d'un lieu commun.
- 15h00 - David Bramoullé : Représenter et décrire l'espace maritime dans le califat fatimide : l'exemple des cartes de la Méditerranée et de l'océan Indien dans le Kitāb gharā'ib al-funūn wa mula_ al-‘uyūn.
- 15h30 - Jesus Maria Porro : Beatos, discarios y portulanos. Pensiamento, iconografia y ciencia en la cartografia cristiana medieval.
- 16h00 - Discussion et pause.
18h00 : Visite de l'exposition "Cartes sur table - des siècles de représentation du monde" à la médiathèque Pierre Amalric, avec Jocelyne Deschaux
19h00 : Conférence pour le public albigeois à la médiathèque sur le thème "Petite histoire des représentations du monde depuis le Moyen Âge : mappemondes et cartographies anciennes", par Christian Grataloup
20h00 : Questions-réponses des historiens avec le public
Mardi 18 octobre : Cartographie à l'échelle du monde et mondialisation (époque moderne et contemporaine)
Lieu : INU Champollion
9h00 accueil et introduction
9h30-10h00 : La recherche aujourd'hui : Points des travaux d'étudiants sur la Mappa Mundi d'Albi et son manuscrit : Jean-Baptiste Amat (Master 2, UT2J) et Nadège Corbière (Master 1, UT2J)
- 10h00 Pause café
Matinée : Cartographie du monde de la Renaissance à aujourd'hui
Présidence : Christian Grataloup
- 10h30 - Gilles Palsky : Le monde bipartite. Formes et usages des mappemondes en deux hémisphères, XVIe-XVIIIe siècles
- 11h00 - Isabelle Avila : Penser à l'échelle du monde pour maîtriser le temps en France et en Grande-Bretagne, 1870-1914
- 11h30 - Clarisse Didelon Loiseau et Christian Vandermotten : Un autre Monde ? Cartographier le Monde sans frontière, enjeux méthodologiques et sociaux
Après-midi 14h00 : Table ronde. Géopolitique mondiale et cartographie
Modérateurs : Jocelyne Deschaux, Thibault Courcelle
Laura Margueritte, cartographe de la revue Carto, Flavie Holzinger, et Delphine Papin, journalistes-cartographes du journal Le Monde, Frédéric Miotto, gérant et cartographe de la société Légendes Cartographie.
Conclusion générale du colloque.
Présentation d'une page web pour le grand public : "Autour de la Mappa Mundi, représentation dynamique du monde connu de l'Antiquité à nos jours".
Résumés des communications
L'Antiquité en palimpseste ou comment affirmer de nouvelles identités et marginalités à travers une représentation traditionnelle du monde.
Matthieu Soler, docteur ès Sciences de l'Antiquité, enseignant vacataire à l'Institut Universitaire National Champollion d'Albi.
La datation de la Mappa Mundi nous invite à penser la représentation cartographique dans le cadre d'une réception de l'Antiquité se déroulant à l'échelle de la Méditerranée, dans le monde arabo-musulman autant que dans l'Occident chrétien. L'empreinte de la pensée romaine d'une Méditerranée unitaire, héritée de la pensée grecque, notamment alexandrine, y est encore figurée. Ces descriptions perpétuent des codes graphiques et des références aux sources littéraires. Nous souhaitons ici nous livrer à une « archéologie des savoirs », interrogeant grâce à l'exemple albigeois la réception des anciens à travers les différences apportées à la représentation du monde par la pensée chrétienne antique et carolingienne, dans la suite des réflexions d'H. Inglebert et, plus anciennement, de P. Gautier-Dalché. Objet éducatif ou contemplatif, cette carte affirme de nouvelles identités en s'appuyant sur l'héritage antique de Ptolémée à Orose.
La mappemonde d'Albi - un pinax chorographikos ?
Anca Dan (AOROC Paris)
La mappemonde d'Albi a été étudiée jusqu'à présent pour son caractère exceptionnel parmi les représentations graphiques du monde habité pendant le Haut Moyen-Âge ainsi que pour ses liens avec le texte de la Périégèse de Denys et ses traductions latines. Moins clairs sont ses rapports avec les représentations cartographiques de l'Antiquité même.
Il n'est pas question de revenir ici à un positivisme qui s'attachait à retrouver les « cartes » des différents auteurs antiques : cette approche a été, bien heureusement, dépassée. Il y a cependant des références à des représentations dites par nous « cartographiques », entièrement perdues, qui n'ont pas été prises en compte et qui pourraient toutefois éclairer le contexte culturel de l'élaboration d'une mappemonde de type « Albi ». Ce sont les « cartes chorographiques », critiquées déjà à l'époque hellénistique, vraisemblablement par Ératosthène, certainement par Polybe et Strabon. On peut suivre leur trace tout au long de l'Antiquité romaine, non seulement dans les textes, mais aussi sur des représentations comme le « Bouclier de Doura Europos » et la « Table de Peutinger ». À la fin de l'Antiquité, on trouve ce même modèle « chorographique » dans les archétypes des mappemondes médiévales (comme les cartes dites de Saint-Jérôme).
Le but de cette intervention est d'expliquer le caractère « chorographique » (descriptif, par antithèse avec la « géographie » mathématique) de la mappemonde d'Albi, de la présenter comme une survivance des pratiques cartographiques antiques bien plus étendues mais généralement éphémères, et d'expliquer sa conservation dans le contexte de l'Antiquité tardive et du Haut Moyen Âge en Occident.
La Table de Peutinger
Claude Brezinski, Professeur émérite Université de Lille
La Table de Peutinger, conservée à la Österreischische Nationalbibliotek de Vienne, se présente sous la forme d'un rouleau de 34 cm de large et 6,745 m de long constitué de onze feuilles de parchemin collées ensemble. Une feuille manque. Au regard de ses dimensions, on ne peut pas la considérer comme une véritable carte géographique mais plutôt comme une représentation du réseau routier et fluvial permettant de se rendre d'un endroit à un autre. D'ailleurs, les positionnements sont quelque peu fantaisistes et les échelles ne sont pas les mêmes du nord au sud ou d'est en ouest. Chaque lieu est caractérisé par un coude et porte une indication plus ou moins correcte de la distance avec la prochaine étape. Pas moins de 555 villes, dont Albi, 3500 autres lieux et 200.000 km de routes y figurent. Cette carte fut retrouvée en 1494 dans une bibliothèque de Worms en Allemagne par Konrad Bickel (ou Celtis), un humaniste effectuant, comme beaucoup, un tour de l'Europe. Devenu professeur d'éloquence à l'Université de Vienne et bibliothécaire de l'Empereur Maximilien Ier de Habsbourg, il se livre à de nombreux travaux érudits et est considéré comme le plus grand poète de son temps en Allemagne. Par testament, il lègue la Table à Konrad Peutinger, chancelier d'Augsbourg et humaniste, avec l'obligation de la publier. Peutinger ne put mener cette tâche à bien et la Table ne parut qu'en décembre 1598 à Anvers. Lorsque le dernier descendant de Peutinger mourut en 1714, elle fut attribuée aux Jésuites d'Augsbourg. Elle sera finalement achetée en 1717 par le Prince Eugène de Savoie-Carignan qui en fera dont à la bibliothèque de Vienne. L'origine exacte de la Table reste assez mystérieuse. On peut la dater du douzième ou du treizième siècle. Il pourrait s'agir d'une copie d'un original peut-être réalisée vers 365 par Castorius, géographe et philosophe romain, mais des incohérences au sujet de cette hypothèse subsistent. Etant donné la forme de la Table, elle pourrait être une reproduction d'une tapisserie ou d'une peinture murale, peut-être due à Agrippa, ami personnel de l'Empereur Auguste, puis sculptée dans le marbre et installée dans le Porticus Vipsania, près de l'Autel de la paix à Rome. Sa forme proviendrait alors d'une nécessité architecturale.
The Cotton mappa mundi as analogue to the Albi world map
Alfred Hiatt. Reader in Medieval English Literature.
Queen Mary, University of London. a.hiatt@qmul.ac.uk
This paper will consider the contexts and sources of the Cotton (or ‘Anglo-Saxon') mappa mundi which, like the Albi mappa mundi, is an important witness to early medieval geographical thought. The Cotton map was copied in the first part of the eleventh century, but there are good reasons to think that it is a copy of an earlier map. Its derivation from an ancient map has often been suggested, though not conclusively proved. Many toponyms and certain formal features of the map seem to be closely related to Orosius' description of the earth (Adversus paganos 1.2); however, the Cotton map also contains features not found in Orosius, such as the 12 tribes of Israel and detailed mapping of the Holy Land; toponyms in the north of Europe derived from the Cosmographia of Aethicus Ister; and a depiction of north-west Europe notable for the presence of several toponyms in Old English. The map clearly emerges from a context in which a number of different geographical texts were in circulation: as well as Orosius and Aethicus Ister, such texts include Priscian's translation of the Periegesis of Dionysius of Alexandria (which accompanies the map in the Cotton ms), Solinus' Polyhistor, and Isidore's Etymologiae. The dissemination of these texts, as well as the map itself, testify to the close connections enjoyed between English monasteries and their counterparts on the continent. In this regard, certain similarities between the Albi and Cotton maps are suggestive. In addition to shared formal features (shape, toponyms, and the presence of provincial boundaries, in several cases unidentified) both maps have connections (direct or indirect) with Orosius' geographical description and Priscian's translation of Dionysius. A comparison of the Albi and Cotton maps may, then, help to reconstruct the passage of late antique geographical texts and images through western medieval European monastic centres, demonstrating both the preservation and the adaptation of the world image.
Quand le cartographe parle de sa carte : ce que disent les géographes arabes des cartes qu'ils ont dessinées
Jean-Charles Ducène, École Pratique des Hautes Etudes (Paris)
Si les mentions explicites de l'usage d'une carte sont rarissimes dans la littérature arabe médiévale, les géographes, eux, ont laissé des notes dans les commentaires qui accompagnaient leurs cartes qui laissent entrevoir leurs motivations, leurs buts et le sens qu'ils prétendaient donner à ces objets graphiques. Ces notules placent la carte dans un processus de production épistémologique en lui donnant sa ou ses significations pour son producteur. Le but de notre communication est de réunir ces notes afin de cerner les sens et les emplois que les géographes voulaient donner à leur production graphique, sachant que le corpus concerné touche tant à la géographie mathématique qu'à la géographie descriptive.
La carte comme substitut au voyage de Cassiodore à Érasme. Histoire d'un lieu commun
Nathalie Bouloux, Maître de conférence en histoire médiévale, Université de Tours, CESR.
Dans ses Institutions, Cassiodore conseille aux moines de Vivarium de s'informer sur la géographie de l'orbis terrarum au moyen de la Cosmographie de Julius Honorius et de la Périégèse de Denys, puis à l'aide d'une carte et pour finir grâce au livre de Ptolémée (la Géographie), par lequel les moines pourront « animo percurratis quod aliquorum peregrinatio plurimo labore collegit ». Cette idée est par la suite énoncée en des termes proches par de nombreux savants qui l'appliquent de manière explicite à la carte du monde. Elle est encore utilisée au XVIe siècle, par exemple chez Érasme : « Haec tabula mihi totum terrarum orbem repraesentat, quem ego cogitatione iucundius simul et tutius perambulo quam is qui navigavit ad novas insulas ». L'objet de cette intervention sera de suivre le développement de ce lieu commun relatif à la carte, d'en retracer l'évolution et d'interroger sa signification.
Représenter et décrire l'espace maritime dans le califat fatimide : l'exemple des cartes de la Méditerranée et de l'océan Indien dans le Kitāb gharā'ib al-funūn wa mula_ al-‘uyūn.
David Bramoullé, Université Toulouse-Jean Jaurès. Laboratoire FRAMESPA.
Au début du XIe siècle, les Fatimides firent composer le Kitāb gharā'ib al-funūn wamula_ al-‘uyūn, ouvrage dans lequel se trouvaient plusieurs cartes dont une de la Méditerranée et une de l'océan Indien. Il s'agirait de montrer d'une part les points communs entre ces deux représentations cartographiques, mais surtout de s'interroger sur leurs différences. Le décalage qui existe entre la densité d'informations fournies dans la carte de la Méditerranée et celle de l'océan Indien pourtant considéré comme l'espace maritime le mieux connu par les musulmans pose la question des objectifs de telles représentations cartographiques pour un califat ismaélien en recherche de légitimité dans un monde musulman largement sunnite.
Beatos, discarios y portulanos. Pensiamento, iconografia y ciencia en la cartografia cristiana medieval.
Jesús Mª Porro. Prof. Titular de Historia de América, Universidad de Valladolid.
En este trabajo reflexionamos sobre la concepción del mundo en la época medieval, planteando las diversas variantes de la imagen terrestre (beatos, discarios y portulanos) en los estados cristianos. El estudio de las tipologías cartográficas permite establecer una amplia gama de valoraciones, entre las que destacamos tres planos de la realidad: el pensamiento (lo filosófico-cultural, lo cotidiano y lo real-maravilloso), la iconografía (ideológica y artística) y la ciencia (conocimientos y aplicaciones tecnológicas), así como su evolución a lo largo de los siglos medievales.
Le monde bipartite. Formes et usages des mappemondes en deux hémisphères, XVIe-XVIIIe siècles
M. Gilles PALSKY, professeur, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Équipe "Epistémologie et Histoire de la Géographie", UMR 8504 Géographie-cités (universités de Paris 1, Paris 7, CNRS)
L'image du monde change à la Renaissance, tant en raison des nouvelles découvertes que des progrès de la cosmographie. Après avoir un temps repris les méthodes de projection décrites par Ptolémée, les cartographes imaginent de nombreuses méthodes originales. Cette communication aborde l'un des modes les plus populaires de représentation du monde, de la Renaissance au XIXe siècle : la carte en double hémisphère. Sa forme la plus usuelle est celle de deux cercles sécants, représentant pour l'un l'Ancien monde et pour l'autre le Nouveau.
Toutefois, cette partition habituelle n'est pas la seule. On voit apparaître, à partir du XVIIe siècle, des représentations qui opposent un hémisphère terrestre et un hémisphère maritime. Nous retraçons la généalogie de cette forme de représentation, en la rattachant à un contexte à la fois idéologique et scientifique. Nous nous appuyons en particulier sur l'exemple de la Nouvelle Mappemonde dédiée au Progrès de nos Connaissances, dressée en 1753 par Nicolas-Antoine Boullanger, ingénieur et collaborateur de l'Encyclopédie.
Penser à l'échelle du monde pour maîtriser le temps en France et en Grande-Bretagne, 1870-1914
Avila Isabelle, PRAG d'anglais au département SHS de l'université Paris-Est Marne-la-Vallée
Avec le développement des cartes thématiques et de la géopolitique à la fin du XIXe siècle, quels sont les thèmes que les cartographes français et britanniques sélectionnent pour faire voir et comprendre le monde à leurs concitoyens ? Dans les atlas, les manuels scolaires et les revues des sociétés de géographie, leurs cartes du monde font apparaître des bilans des explorations, des portraits de la mondialisation et de leurs empires. Ces cartes de l'échiquier mondial sont conçues comme autant d'outils pour maîtriser l'espace mais surtout le temps et le destin de leur nation dans le monde.
Un autre Monde ? Cartographier le Monde sans frontière, enjeux méthodologiques et sociaux
Clarisse Didelon-Loiseau, Maître de conférences en géographie, Université du Havre - UMR 6266 IDEES.
Christian Vandermotten, Professeur émérite de géographie, Université Libre de Bruxelles, Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique.
Au-delà de leur fonction descriptive, les cartes jouent un rôle important dans la formation des représentations de l'espace. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les cartes de l'espace mondial dont la nature éminemment politique des projections cartographiques et leurs rôles sur les représentations ont largement été démontrée (Batersby, XXXX). Dans des travaux précédents, nous avons également montré le rôle de la maille étatique dans les représentations d'un monde aux phénomènes cloisonnés. Pourtant, de nombreux phénomènes simples, comme les densités de population ou la répartition des richesses, ont des structures qui ne sont pas, ou pas seulement, influencées par les frontières nationales. Les représenter en se dégageant de la maille nationale permet de donner à voir d'autres structures du Monde que celles auxquelles nous sommes habitués (d'autres gradients, d'autres discontinuités...). Par ailleurs, les représentations cartographiques « étatiques » du Monde sont inadaptées et insuffisantes pour saisir la richesse des phénomènes en lien avec la mondialisation qui dessinent une géographie beaucoup plus fine que celle résumée par la maille étatique. Nous proposons donc ici une réflexion théorique et méthodologique sur la construction d'une carte du monde à l'échelle infranationale. Cette cartographie d'un monde « sans frontière » présente à la fois des enjeux méthodologiques importants tant la collecte, la compilation et l'harmonisation des données sont contraintes pas la maille nationale, et des enjeux sociaux important puisque qu'elle permettrait de dépasser les représentations d'un monde organisé exclusivement par les Etats pour favoriser l'émergence d'un niveau global de pensées et de représentations.
Enseignement supérieur
- Université Fédérale de Toulouse
- INU Champollion
- Université Paris 1
Laboratoires partenaires
- LAMOP
- FRAMESPA
- LISST-CIEU
- Axes PPES et TCF (INU Champollion)
Partenaires institutionnels
- Communauté d'Agglomération de l'Albigeois
- Ville d'Albi
- Médiathèque Pierre Amalric
- Ambassade de France en Belgique
- Ambassade France en Espagne
Autres partenaires
- Comité français de cartographie