À partir de la fin du XIXème siècle, au sein des sociétés occidentales modernes, l’art revêt la mission de former la sensibilité de l’« Homme » et ravive les fantasmes de l’artiste-inventeur au sein de l’avant-garde, fantasmes qui persistent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à travers le paradigme « art et technologie ».
Cette conférence reviendra sur quelques aspects des interactions entre les artistes et les objets techniques au sein d’environnements média-techniques de plus en plus complexes et ubiquitaires, dans le contexte historique de ce qui a été appelé l’ « âge électronique » à partir des années 1950, une période teintée à la fois des rêves d’un monde cybernétique et des craintes d’une société « de contrôle ».
Alternativement ambassadeur, agent de subversion ou « visionnaire », le rôle de l’artiste dans ce cadre n’est pas neutre. Entre volonté de contrôle et de transparence des communications et des systèmes d’information, utopisme positiviste, réappropriation militante, et critique sociale et culturelle de la technocratie, nous explorerons les relations entre les aspects institutionnels, industriels, financiers, politiques et idéologiques des interactions art-technosciences. Ces dernières soulèvent par exemple des problématiques sociales, féministes, environnementales et post-coloniales. L’analyse de plusieurs cas historiques occidentaux de ces enchevêtrements au second XXème siècle se révélera un outil dans la compréhension de notre rapport contemporain aux objets et environnements techniques.
Léa Dreyer est historienne de l’art, spécialisée dans les arts médiatiques et les pratiques sonores expérimentales et plastiques. Doctorante en art contemporain à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où elle a été A.T.E.R. de 2021 à 2023, elle finit sa thèse sur l’œuvre médiatique et sonore de Lars Fredrikson (1926-1997). Léa est membre du groupe de recherche Télé-Visions de l’association IMAGO-Cultures visuelles, qui fédère chercheurs et artistes autour de l’impact des technologies de vision à distance sur l’art et la culture visuelle, et elle est programmatrice à l’Atelier Expérimental depuis 2018. Ses recherches ont bénéficié de bourses (Centre Pompidou, NMNM Monaco etc.) et ont été publiées dans plusieurs revues scientifiques (Perspective, Les Cahiers du MNAM, Hybrid etc.).
Dans le cadre du projet tekhnē, cofinancé par l’Union Européenne.